A l'est, l'Afrique des Grands Lacs (Tanzanie, Kenya, Ouganda,
Burundi et Rwanda) forme le plus vaste et le plus ancien
territoire de haute prévalence. A Nairobi et Dar Es Salaam,
la prévalence se situe aujourd'hui autour de 15 % ; elle
est probablement supérieure à Bujumbura mais aucune donnée
précise n'est réellement disponible depuis 1993 [2].
Un seul pays en Afrique australe, l'Ouganda, présente
désormais un profil épidémiologique différent de celui
de ses voisins.
L'Ouganda est l'un des premiers pays d'Afrique où fut
détectée l'épidémie de VIH et l'un des plus sévèrement
touchés. Les premiers cas on été rapportés dès 1985 [5],
bien avant la mise en place du système de surveillance
sentinelle qui a démarré en 1989 sur six sites dans les
grandes villes, et s'est depuis étendu à vingt sites répartis
dans tout le pays, y compris dans les zones rurales [6].
En 1986, la prévalence enregistrée auprès des femmes enceintes
de Kampala était déjà supérieure à 10 % ; elle était de
24 % en 1987 et supérieure à 30 % en 1990. Elle a ensuite
baissé de manière régulière pour atteindre 15 % en 1997
[2]. Le pourcentage de mères séropositives aurait donc
diminué de moitié en l'espace de sept ans. L'interprétation
d'un tel phénomène pose problème même si ces résultats
peuvent être faussés à plusieurs égards. Des erreurs d'analyses
ou de recrutement peuvent toujours être possibles mais
ne sauraient expliquer une baisse aussi régulière.
Des changements dans la composition du groupe sont à envisager
: pendant la moitié des années 1990, l'Ouganda a accueilli
un grand nombre de réfugiés ruandais, dont beaucoup ont
aujourd'hui regagné leur pays, ce qui a pu modifier la
composition du groupe des femmes se présentant dans les
services prénatals. Des migrations entre villes et campagnes
ont pu également avoir lieu : les femmes séropositives
ont pu retourner dans leur village pour s'y faire prendre
en charge. Seul l'âge des femmes étant recueilli, il est
impossible de contrôler ces éventuels biais. Le profil
des femmes enceintes en Ouganda a pu également évoluer
pendant cette période, avec pour effet une diminution
du taux d'infection dans ce groupe d'âge. Le premier effet
auquel on pense est la baisse de la fécondité chez les
femmes séropositives.
Des études récentes ont montré qu'indépendamment de l'association
entre le VIH et les autres MST chroniques qui conduisent
à une baisse de la fécondité, une femme, si elle était
infectée, avait 20 % d'enfants en moins [7]. Ainsi, bien
que toujours infectées, ces femmes ne peuvent plus être
comptabilisées. Le deuxième effet implique le niveau de
mortalité. Une baisse de la prévalence n'indique pas forcément
que le nombre de nouveaux cas d'infection est en diminution,
si on se trouve dans un contexte de forte mortalité comme
cela peut être le cas en Ouganda. Ces femmes, parce qu'elles
sont moins fécondes ou décédées, ne font donc plus partie
de l'échantillon, de sorte que les "femmes enceintes"
forment un groupe où il y a moins de sujets séropositifs
que dans l'ensemble de la population féminine.
Ces remarques soulignent les limites des systèmes de surveillance
sentinelle : satisfaisants en début d'épidémie où une
augmentation continue de la prévalence est généralement
synonyme d'une augmentation continue des nouveaux cas,
ils deviennent insuffisants lorsque l'infection s'installe
comme une maladie endémique.
Pour savoir si l'infection recule réellement, il faudrait
pouvoir disposer du taux d'incidence. Celui-ci ne peut
s'obtenir qu'en organisant le suivi d'une cohorte. De
telles études existent, mais elles sont coûteuses et difficiles
à réaliser à l'échelle requise pour faire apparaître ce
qui se passe dans l'ensemble de la population. Certaines
de ces réserves perdent, cependant, de leur importance
lorsque l'on restreint l'analyse aux femmes les plus jeunes,
âgées de 15 à 19 ans. Une telle analyse limite les distorsions
liées au vieillissement et à la stérilité, puisque la
probabilité que les jeunes femmes soient porteuses du
virus depuis assez longtemps pour être stériles ou moins
fécondes est moindre. De plus, la prévalence est, dans
ce cas, proche de l'incidence car les décès sont moins
nombreux dans cette tranche d'âge.
Sur le site de Jinja (troisième ville du pays), la prévalence
chez les femmes enceintes âgées de 15 à 19 ans est passée
de 21 % en 1990 à 5 % en 1996 [8]. Une tendance similaire
a été enregistrée à Nsambya (22 % en 1990 versus 10 %
en 1996). Un déclin a également été enregistré sur le
site de Rubaga (28 % en 1990 versus 15 % en 1996) mais
la tendance était moins homogène puisque, après une forte
baisse en 1994 (16 %), la prévalence était remontée à
20 % en 1995. La régularité générale et l'ampleur de la
baisse chez les femmes enceintes les plus jeunes permettent,
cependant, de croire à une chute de la prévalence, comme
de l'incidence et pourraient donc correspondre à une baisse
de l'incidence dans l'ensemble de la population. Les raisons
qui pourraient expliquer cette baisse sont multiples :
il se peut que le virus ait perdu de sa virulence ou que
les traitements administrés dans les services MST soient
devenus plus efficaces, de sorte que les femmes sont moins
vulnérables au VIH.
Mais l'une des causes les plus probables est l'évolution
des comportements sexuels. Les résultats de plusieurs
enquêtes suggèrent non seulement une augmentation de l'âge
au premier rapport sexuel, mais aussi un accroissement
de l'utilisation du préservatif ces dernières années [9,
10]. Il est néanmoins extrêmement difficile d'établir
des liens de cause à effet entre ces deux séries de données
car elles n'ont pas été conçues pour être utilisées ensemble.
L'évolution de la situation en Ouganda montre la nécessité
de modifier les systèmes de surveillance actuels – en
intégrant notamment une surveillance comportementale –
si on veut, un jour, être capable d'évaluer l'efficacité
des stratégies d'intervention [11].
Afrique de l'ouest : des zones à surveiller
L'Afrique de l'ouest a vu ses taux d'infection se stabiliser
à des niveaux beaucoup plus bas que ceux de l'Afrique
australe et orientale. Cependant dans certains des pays
les plus peuplés de cette région, la prévalence peut atteindre
des niveaux relativement importants.
En Côte d'Ivoire, troisième pays le plus peuplé d'Afrique
de l'ouest, un adulte sur dix serait porteur du virus
[2].
Pays voisin, le Burkina Faso, enregistre des niveaux similaires
et nourrit probablement son épidémie des forts mouvements
migratoires que les Burkinabé entretiennent avec la région
d'Abidjan [12, 13].
Au Nigeria, la prévalence estimée chez l'adulte était
de 4,1 % à la fin de 1997 [2]. Ce pourcentage peut paraître
relativement bas comparativement à ceux par ailleurs énoncés,
mais il concerne une population de 118 millions d'habitants
(un cinquième de la population d'Afrique sub-saharienne),
soit 2,2 millions d'adultes infectés ; et aujourd'hui,
rien n'indique que les taux d'infection sont stabilisés.
Plus au nord, la zone sahélienne continue de dessiner
une bande de basse prévalence. Le virus reste relativement
discret à N'Djamena (2,4 % en 1995), Niamey (1,3 % en
1993) et Bamako (4,4 % en 1994) [2], tout comme à Dakar
où la prévalence chez les femmes enceintes est restée
inférieure à 1 % ces dix dernières années. Elle était
de 0,3 % en 1997 [2], taux équivalent à celui de la France
[14].
Pourquoi de telles disparités ? Moteurs et freins de l'épidémie
Il est globalement difficile de comprendre pourquoi sur
un continent où la transmission est majoritairement hétérosexuelle,
des niveaux de prévalence aussi hétérogènes sont enregistrés.
Des éléments de réponse peuvent toutefois être apportés
à travers l'examen de cas particuliers.
Afrique du sud : le rôle des travailleurs migrants
En Afrique du sud, dans la province du Gauteng, 88 000
mineurs vivent à Carltonville, au cœur de la zone aurifère,
dont 60 % sont des migrants venus d'autres régions d'Afrique
du sud ou de pays voisins : Lesotho, Malawi et Mozambique.
En 1997, la prévalence a été estimée à 22 % dans la population
générale et à 75 % chez les quatre cents ou cinq cents
prostituées qui offrent leurs services aux mineurs [15].
Parmi ces derniers, un homme sur cinq serait séropositif
et ce chiffre est probablement sous-estimé. Les messages
de prévention sont difficiles à faire passer auprès des
mineurs, en raison du contexte même de leur activité.
Ces hommes ont une chance sur quarante d'être tués par
un éboulement et une sur trois d'être gravement blessés.
A titre de comparaison, les risques associés à une infection
lente comme celle du VIH peuvent sembler bien lointains.
Respectant un schéma classique et décrit pour d'autres
régions [16], les mineurs, de retour dans leur foyer infectent
leur(s) partenaire(s).
Dans le district rural de Hlabissa, dans la province du
Kwazoulou/Natal environ 60 % des ménages comptent un ou
plusieurs hommes migrants. Dans cette communauté, les
taux d'infection chez les femmes enceintes sont passés
de 4 % à 26 % en l'espace de cinq ans.
Rwanda : génocide et migrations forcées
Avant le génocide du milieu des années 1990, le Rwanda
présentait un profil épidémiologique classique : taux
élevés dans les régions urbaines (au moins 10 % des femmes
enceintes séropositives), taux plus faibles (environ 1
%) dans les régions rurales où vivaient 90 % de la population.
Non seulement les troubles politiques ont interrompu la
surveillance, mais ils ont aussi modifié les caractéristiques
de l'épidémie. En 1997, une enquête a fait ressortir qu'il
n'y avait plus guère de différences entre les villes et
les campagnes, les taux d'infection dépassant légèrement
11 % dans les deux cas [17]. Cette évolution peut être
en grande partie imputée aux déplacements massifs de population
pendant et après le conflit. Environ 75 % des 4 700 personnes
interrogées avaient été contraintes de quitter leur domicile,
soit pour fuir à l'étranger soit pour aller se réfugier
dans des camps, ce qui traduit une mobilité étonnamment
élevée pour ce pays essentiellement rural. Les personnes
qui s'étaient réfugiées en Ouganda et en Tanzanie sont
apparues moins infectées que celles qui étaient restées
au Rwanda. Parmi celles qui ont déclaré avoir passé le
conflit dans les camps de réfugiés à l'intérieur du pays,
le taux de prévalence était de 8,5 %. Compte tenu que
la plupart d'entre elles provenaient de zones rurales
où la prévalence ne dépassait pas 1,3 %, on peut estimer
que les taux ont été multipliés par six au cours de cette
période. Les guerres et les conflits armés créent des
conditions propices à la propagation de l'infection VIH.
Sénégal : succès de la prévention ?
Au Sénégal, la déclaration des premiers cas de sida s'est
faite en 1986. Différents facteurs pouvaient laisser envisager
une évolution rapide de l'épidémie : intenses migrations
saisonnières, relations à partenaires multiples fréquentes
chez les hommes, très faible utilisation du préservatif.
L'évolution attendue n'a pas eu lieu ; l'épidémie est
restée faible aussi bien dans la population générale que
chez les patients MST (1,1 % de séropositifs en 1990 ;
1,5 % en 1996) et les prostituées qui enregistrent des
niveaux de prévalence moyens de 10 %. Plusieurs éléments
ont été avancés par les autorités sénégalaises pour expliquer
cette situation, le premier d’entre eux concernant les
mesures médicales prise en faveur des prostituées [18].
Dans de nombreux pays, la prostitution n’a fait l’objet
d’aucune attention de la part des pouvoirs publics jusqu'à
l'arrivée du sida, lorsqu'il devint clair que ces femmes
étaient très vulnérables vis à vis de l'infection VIH
et qu'elles pouvaient très rapidement transmettre le virus
à un nombre important d'individus. Au Sénégal, la prostitution
est légalisée depuis 1969 [19]. Les prostituées ont pour
obligation de se présenter régulièrement dans un centre
de santé où elles reçoivent des traitements contre les
MST, si nécessaire. Ces visites médicales ont à la fois
pu servir de relais d'information et de sensibilisation
et, en soignant de manière régulière et efficace les MST,
ont permis de réduire la vulnérabilité de ces femmes face
à l'infection. Leur rôle, cependant, ne doit pas être
surestimé, toutes les prostituées ne se rendant pas dans
les centres MST de peur d’être "étiquetées". Le second
argument fait référence à la prise de position des communautés
et des leaders religieux. Associés à la prévention dès
1989, leur discours a peu à peu évolué pour aboutir, au
début de l'année 1995, à un texte rédigé par les deux
cent soixante grands leaders islamiques du pays affirmant
que le sida n'était pas une punition divine pour conduite
immorale et se déclarant en faveur de l'utilisation du
préservatif, notamment dans le cadre de couples sérodifférents.
Malgré ce texte, les autorités religieuses sénégalaises
restent largement opposées à l’usage du préservatif, la
religion suffisant, pour eux, à bien des égards puisqu’elle
est envisagée comme un " préservatif moral " selon les
termes d’un imam sénégalais entendus, à Abidjan, lors
de la dixième Conférence Internationale sur le sida en
Afrique (décembre 1997).
Les autorités sénégalaises soulignent, enfin, la performance
de leur système de banques de sang, dans une région où
près d'un quart des poches de sang utilisées en 1995 n'avait
fait l'objet d'aucune vérification [20]. Même si ces facteurs
ont certainement contribué au maintien d’une faible prévalence
dans le pays, il est difficile de faire la part de chacun
d’entre eux et d’affirmer que le Sénégal est l’exemple
même du succès de la prévention sans avoir d’abord écarter
l'hypothèse de facteurs biologiques qui auraient freiné
la propagation du virus.
Dans tous les cas : des dynamiques extrêmement complexes
En dehors des quelques cas particuliers que peuvent représenter
des pays comme l’Afrique du sud, le Rwanda et le Sénégal,
pour lesquels certaines données contextuelles apportent
des explications sur l'évolution de l'épidémie, la question
des disparités reste entière. C'est pour apporter des
éléments de réponse supplémentaires qu'une étude a été
réalisée dans quatre villes d'Afrique sub-saharienne :
les unes présentant des niveaux de prévalence relativement
faibles (proches de 5 %), Cotonou au Bénin et Yaoundé
au Cameroun, les autres des niveaux très élevés (supérieurs
à 25 %), Kisumu au Kenya et Ndola en Zambie [21]. Cette
enquête avait posé comme hypothèse que les différences
de niveaux de prévalence pouvaient s'expliquer par les
différences de distribution des facteurs de risque entre
les quatre sites. Partant du fait que la probabilité qu'une
personne soit infectée par le VIH au cours d'un rapport
sexuel est le produit de la probabilité qu'un individu
non infecté ait un rapport sexuel avec une personne infectée
et la probabilité que le VIH lui soit transmis durant
ce rapport, les facteurs de risques retenus étaient ceux
qui définissent l'exposition (i.e. le comportement sexuel)
et la transmission (présence d'une autre MST, circoncision,
pratiques sexuelles, dry sex, préservatif). Les premiers
résultats ont montré que les différences de niveaux de
prévalence ne pouvaient probablement pas s'expliquer que
par des différences de comportement sexuel [22, 23].
Un argument majeur étant que l'activité sexuelle définie
à risque est apparue, dans cette enquête, nettement plus
importante à Yaoundé alors que l'épidémie VIH y demeure
relativement basse comparativement à Kisumu et Ndola.
Cette étude a par ailleurs confirmé l'existence d'une
association entre des taux de VIH élevés et deux cofacteurs
biologiques qui pourraient accroître la transmission du
VIH lors d'un rapport sexuel.
Le premier facteur est la présence de traces sérologiques
d'une infection actuelle ou ancienne liée à une MST ulcérative
(syphilis ou herpès génital) plus importante dans les
sites à haute prévalence que dans les sites à basse prévalence
notamment dans les groupes d’âge les plus jeunes. Le deuxième
facteur est à la fois biologique et culturel puisqu'il
concerne la présence ou l'absence de circoncision.
Dans la lignée d'autres études [24-26], il a été montré,
qu’à Kisumu, les hommes qui étaient circoncis présentaient
des taux d'infection VIH plus bas que les non circoncis
(respectivement 7,5 % et 25,2 %). Il serait toutefois
un peu rapide de conclure que seuls ces deux facteurs
puissent expliquer un phénomène aussi complexe, sans tenir
compte des spécificités politiques, géographiques et historiques
de chacune de ces villes, de l'organisation de la lutte
contre le sida de ces différents pays, et notamment des
rapports entre l'État et la société civile dont l'importance
a déjà été soulignée [27]. Une dynamique épidémique de
plus en plus défavorable aux femmes et à leurs enfants,
conséquence de la transmission verticale
De plus en plus de femmes infectées
En Afrique
sub-saharienne, aujourd’hui, 55 % des adultes infectés
sont des femmes (12,2 millions de femmes pour 10,1 millions
d’hommes) [1]. Les raisons pour lesquelles les femmes
sont aujourd’hui plus nombreuses que les hommes à être
infectées ne sont pas claires. Les données actuelles suggèrent
que, dans une épidémie où le mode de contamination est
avant tout hétérosexuel, plus d’hommes que de femmes sont
infectés au début de l’épidémie. Ceci est particulièrement
vrai dans les milieux où un nombre restreint de prostituées
s’infectent rapidement et transmettent le virus à un nombre
d’hommes important. Par la suite, la différence homme/femme
se comble, puis finit par s’inverser. Plusieurs facteurs
contribuent à expliquer cette évolution. Le premier est
lié à la probabilité de transmission du virus lors d’un
rapport sexuel, trois fois plus importante de l’homme
vers la femme que de la femme vers l’homme [28].
Le second facteur est lié aux caractéristiques d’âge des
hommes et des femmes au moment où ils s’infectent. Des
études récentes menées en population générale ont montré
de larges différences de niveaux de prévalence entre les
deux sexes aux âges les plus jeunes. Une étude réalisée
à Kisumu a montré que la prévalence de l’infection VIH
était environ six fois supérieure chez les jeunes filles
de 15 à 19 ans que chez les jeunes garçons de la même
tranche d’âge (respectivement 3,5 % et 23 %) ; elle était
d’un rapport de quatre à Ndola [22].
L'épidémie de VIH démarre plus tard chez les hommes pour
lesquels le pic de prévalence est atteint entre 30 et
35 ans ; la prévalence est alors très proche chez les
hommes et chez les femmes. Ces caractéristiques d’âge
ont deux effets sur le rapport des infections par sexe.
Le premier effet est lié à la structure pyramidale de
la population jeune de l’Afrique sub-saharienne. La prévalence
du VIH, qui augmente très rapidement chez les femmes,
atteint son niveau maximum à des âges peu avancés, c’est-à-dire
à des classes d'âge qui forment la partie basse de la
pyramide. Les hommes, au moment où ils s'infectent, appartiennent
à une tranche d'âge qui constitue une partie plus étroite
de la pyramide, donc une fraction moins importante de
population. Les niveaux de prévalence, qui concernent
la population âgée de 15 à 49 ans, seront, par conséquent,
défavorables au sexe qui enregistre les taux d'infection
les plus élevés dans les tranches d'âge les plus jeunes
– dans le cas du VIH, les femmes.
Le deuxième effet est associé à la durée de survie après
l'infection. Il semblerait qu'il n'y ait pas de différences
importantes dans le temps de survie entre les hommes et
les femmes infectés à un âge donné.
Cependant, des études réalisées dans les pays du nord
[29] ont montré que la durée de survie des personnes infectées
fluctuait en fonction de l'âge auquel le virus avait été
contracté. Ainsi, la survie est d'autant plus courte que
l'infection est acquise à un âge avancé. Les femmes qui
s'infectent plus jeunes auraient donc une durée de survie
moyenne plus longue que les hommes. En raison de ce facteur,
la prévalence féminine sera plus élevée que la prévalence
masculine, même s'il n'y a pas plus de nouvelles infections
parmi les femmes que parmi les hommes. Dans le contexte
actuel, environ 1/3 des femmes infectées sont susceptibles
de transmettre le virus à leurs enfants, à la naissance
ou par allaitement maternel.
L'Afrique reste plus que jamais en tête de la transmission
verticale avec environ 500 000 enfants infectés chaque
année même si des procédés simples et peu coûteux permettant
de prévenir efficacement la transmission du virus de la
mère à l'enfant sont en train de voir le jour.
Transmission mère-enfant : des avancées encourageantes
Les procédés
mis au point pour l'Afrique sub-saharienne sont issus
de plusieurs travaux qui visent à adapter au mieux, dans
les pays les plus touchés, les acquis prophylactiques
obtenus en Europe et aux États-Unis. Après une étude réalisée
en Thaïlande avec l'AZT [30], d'autres essais ont été
progressivement mis en place. Organisé sous l'égide d'Onusida,
l'essai baptisé "Petra" (pour perinatal transmission)
a concerné environ 1 500 femmes vivant dans cinq zones
urbaines d'Afrique du sud, d'Ouganda et de Tanzanie [31].
Une partie de ces femmes a été traitée par une association
de médicaments antirétroviraux (AZT et 3TC fournis par
la multinationale pharmaceutique Glaxo Wellcome) dès la
trente-sixième semaine de grossesse et jusqu'à une semaine
après l'accouchement. Un second groupe ne recevait ce
traitement que durant l'accouchement tandis que le troisième
groupe recevait seulement un placebo, substance inactive.
Les résultats préliminaires, présentés à la sixième conférence
sur les rétrovirus et les maladies opportunistes, en février
dernier à Chicago, ont montré que dans le premier groupe,
le taux de transmission du VIH de la mère à l'enfant chutait
de 50 % par rapport au groupe qui ne recevait pas de traitement.
Dans le second groupe, le taux de transmission est resté
inchangé.
Ces conclusions ont été confirmées par un autre travail
conduit en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso par un groupe
franco-africain [32]. L'originalité de cette étude tenait
au fait qu'elle a porté sur un groupe de femmes qui, tout
en recevant un traitement "allégé" (AZT seul à partir
de la trente-sixième semaine et jusqu'à une semaine après
la naissance), ont allaité leur enfant malgré le risque
infectieux important que cette pratique représente. La
réduction du taux de transmission dans cet essai a été
néanmoins de 37 % chez les femmes traitées par rapport
au groupe de femmes qui avaient reçu un placebo, témoignant
de l'efficacité de thérapeutiques simplifiées.
Enfin, sont apparus encore plus encourageants les résultats
présentés lors de la conférence internationale sur le
sida en Afrique qui s'est tenue à Lusaka (Zambie) en septembre
dernier. Un essai mené en Ouganda a montré l'efficacité
de la névirapine administrée en dose unique à la femme
qui accouche et à l'enfant dans les trois jours qui suivent
sa naissance [33]. Au bout de trois mois, seulement 13
% des enfants avaient effectué une séroconversion. Ces
résultats sont d'autant plus encourageants qu'ils simplifient
quelques problèmes dont celui de la date du test. Dans
l'essai précédent à base d'AZT, le statut sérologique
des femmes devait être connu avant le début du neuvième
mois de grossesse, date du début du traitement. Le traitement
ne peut donc pas s'appliquer en cas de dépistage tardif
sur un continent où l'on considère qu'un tiers des femmes
enceintes n'a aucun suivi anténatal [34]. Le second avantage
du traitement par névirapine est son coût inférieur à
cinq dollars, soit moins de 10 % du coût de celui par
AZT, même après la baisse des prix annoncée par le laboratoire
Glaxo Wellcome. Enfin, il présente un très bon rapport
coût-efficacité, critère fondamental des firmes pharmaceutiques.
Les calculs du rapport coût-efficacité ont porté sur 20
000 grossesses, en envisageant deux hypothèses de traitements
: un traitement ciblé avec test de dépistage pour les
femmes bénéficiant d'une prise en charge ; un traitement
systématique de toutes les femmes enceintes sans dépistage
[35]. Les simulations ont été menées dans deux contextes
: l'un à très forte prévalence (30 %), l'autre à prévalence
plus faible (15 %). Le rapport coût-efficacité du traitement
a été jugé très bon dans un contexte de forte prévalence,
quelle que soit l'option retenue (dépistage ou administration
systématique). Dans les situations à plus faible prévalence,
ce traitement pourrait avoir un impact majeur en terme
de santé publique lorsque les traitements nécessitant
plusieurs doses ne sont pas d'un bon rapport coût-efficacité.
Des essais
qui renvoient à des problèmes éthique importants
Il est aisé
de comprendre l'intérêt de mener des essais sur la transmission
mère-enfant. Mais ces essais renvoient aussi à des problèmes
éthiques importants. Une partie du débat a porté sur la
question du placebo alors que des essais européens avaient
déjà montré l'efficacité des molécules utilisées. L'usage
du placebo a été justifié par le fort recours à l'allaitement
maternel dont on ne savait pas s'il allait réduire à néant
tout effort d'intervention situé en amont tel que l'usage
de produits antirétroviraux à la fin de la grossesse ou
à la naissance. L'absence de groupe de contrôle n'aurait
donc pas permis de connaître la réelle efficacité de l'intervention
mise en place [36]. La justification était plus floue
concernant les essais au cours desquels l'allaitement
n'était pas naturel.
Cependant, au vu des résultats de l’étude thaïlandaise,
les bras placebo ont finalement été supprimés dans tous
les essais africains [37]. Un second aspect concerne le
problème du consentement.
Dans les essais thérapeutiques, le consentement éclairé
des participants est demandé afin de protéger la liberté
de choix de l'individu et respecter son autonomie. Une
personne peut donc refuser de faire un test ou ne pas
venir chercher son résultat ; elle peut également interrompre
son traitement indépendamment de l'avis du personnel de
santé. C'est cette liberté de choix que l'idée d'un traitement
systématique sans dépistage par névirapine chez les femmes
enceintes remet en question. Certains y voient, sans doute,
une manière de contourner le problème du consentement
et d'une manière plus générale de l'accès au dépistage.
L'Onusida considère, en effet, que pas plus de 200 000
personnes (sur les 23 millions infectées) connaissent
leur statut sérologique [38], le dépistage étant pratiqué
principalement à des fins de surveillance de manière anonyme
et non corrélée. Les raisons de cette situation sont multiples.
L'accès au traitement étant très limité, il en résulte
un manque d'incitation évident à se faire tester. Dans
certains pays, les services de conseil et de tests volontaires
n'existent pas ou sont difficilement accessibles. Le fait
par exemple que les procédés de dépistage actuel obligent
en général à se rendre deux fois sur les lieux du test
a souvent pour conséquence qu'une part importante des
personnes qui avaient demandé à se faire tester ne revient
pas chercher leurs résultats. Une étude menée en milieu
rural sud africain a montré que seules 17 % des personnes
testées étaient venues chercher leur résultat et avaient
ainsi pu bénéficier de l'appui et du soutien qui doivent
en découler [38].
Dans tous les cas, l'accès au dépistage doit rester une
démarche anonyme et volontaire, ce qui ne correspond pas
à la réalité dans un nombre important de pays, où la majorité
des dépistages effectués le sont encore sans le consentement
des personnes concernées et sans que le résultat du dépistage
ne leur soit communiqué [39]. Or, le malaise du corps
médical par rapport à la pratique et à l'annonce des résultats
du dépistage participe à la constitution de valeurs négatives
autour du VIH. Les cas individuels de personnes qui ont
été suivies et dépistées montrent que l'abord humain,
mais franc, de la pratique du dépistage a plus de chances
d'induire une attitude responsable de la part de la personne
dépistée, alors que les atermoiements et les subterfuges
comme l'annonce à un tiers n'auront aucun effet sur la
prévention.
Le dépistage et le conseil peuvent donc permettre d'étendre
les bénéfices de la prévention et devraient rester la
condition première d'un accès au traitement. Des problèmes
éthiques aux enjeux économiques représentés par les traitements
Le coût très important, parfois prohibitif de certains
traitements - pas seulement des trithérapies mais de médicaments
qui servent à traiter des maladies opportunistes - reste
un problème majeur pour les pays du sud.
Au Kenya, le coût des deux premières semaines de traitement
d'une méningite venant compliquer l'infection par le virus
du sida équivaut à 800 dollars alors que le salaire mensuel
moyen, dans ce pays, est de 130 dollars.
Devant cette situation, des pays comme l'Afrique du sud
(ou la Thaïlande) ont décidé de recourir aux licences
obligatoires et aux importations parallèles. La révision
des accords du GATT (qui a abouti à la création de l'OMC)
a introduit des accords sur la propriété intellectuelle
[40]. Ces derniers autorisent un état confronté à une
situation d'urgence sanitaire de faire fabriquer localement
des formes génériques de médicaments : c'est ce qu'on
appelle une licence obligatoire. Il peut également se
fournir, non pas auprès de la maison-mère, mais d'autres
pays pratiquant des tarifs plus bas, ce sont les importations
parallèles. Selon les pays, le prix de la boîte de 40
gélules de 250 mg d'AZT varie de 53 dollars à 125 dollars.
Ces dispositions favorables aux pays pauvres sont toutefois
combattues par la Fédération internationale de l'industrie
du médicament et par les États-Unis, au nom de la défense
de la propriété intellectuelle, considérée comme moteur
de la recherche médicale... Ces dispositions sont pourtant
essentielles compte tenu de la faiblesse des alternatives.
Un Fonds de solidarité thérapeutique international (FSTI)
a bien été lancé par la France, en décembre 1997, à Abidjan,
lors de la dixième conférence sur le sida en Afrique,
mais les premières actions ont été difficiles à mener
compte tenu de la faiblesse des fonds disponibles. Aujourd'hui,
le FSTI intervient sur deux sites pilotes : la Côte d'Ivoire
et le Maroc [41]. On pourrait également citer l'initiative
d'Onusida lancée il y a un an dans quatre pays : le Chili,
le Viêt-nam, l'Ouganda et la Côte d'Ivoire pour un meilleur
accès aux médicaments [42] et dont l'évaluation est actuellement
assurée par l'Agence nationale de recherche sur le sida.
Des conséquences
démographiques et socio-économiques non négligeables
Même si elles
sont louables, ces initiatives sont encore menées à des
échelles bien trop petites pour avoir une quelconque influence
sur les courbes de mortalité. Plus de deux millions et
demi de décès dus au sida ont été prévus à travers le
monde pour la seule année 1999, soit un total mondial
supérieur à celui de n'importe quelle autre année depuis
le début de l'épidémie [1]. Mais ce record, sans doute
le plus désespérant de cette fin de siècle, n'est que
temporaire puisque l'on considère que même si les programmes
de prévention parvenaient à ramener à zéro le nombre de
nouvelles infections, le nombre de décès continuerait
d'augmenter. Dans le contexte actuel, le pic de mortalité
devrait être atteint vers 2005-2010. Les conséquences
de ces décès sont multiples, à la fois démographiques,
sociales et économiques.
Au niveau démographique, des analyses réalisées par les
Nations unies sur un groupe de vingt-neuf pays africains
ont montré les premiers impacts de la mortalité due au
VIH sur la croissance de la population [43]. A la mi 1995,
la population estimée dans ce groupe était de 446 millions
d'individus, soit environ 5 millions (ou 1,2 %) de moins
que les chiffres attendus en l'absence de l'épidémie VIH.
Cette tendance devrait s'alourdir avec le temps puisque
les projections pour 2015 annoncent un déficit de population
de 61 millions ( - 8 %). Dans les pays les plus touchés,
comme le Botswana et la Namibie, le déficit de population
pourrait atteindre 20 %. En raison de la mortalité, mais
aussi de la baisse de 20 % de la fécondité constatée chez
les femmes séropositives, les taux d'accroissement naturel
vont suivre la même évolution. Dans un pays comme le Zimbabwe,
ce taux est passé de 2,4 % (taux attendu) à 1,5 % actuellement
; ils devraient passer sous la barre des 1 % aux alentours
de 2000-2005. Cependant, les experts des Nations unies
considèrent qu'aucun pays ne devrait enregistrer de croissance
négative.
Un autre indicateur très significatif est le fort déclin
de l'espérance de vie qui, dans les neuf pays les plus
touchés par l'épidémie, devrait être revenue, en 2015,
à son niveau de 1965. Les effets étant proportionnels
à la gravité de l'épidémie au plan local, les évolutions
les plus sévères devraient concerner le Botswana et la
Namibie avec respectivement 29 et 20 années de vie perdues
entre 1990-1995 et 2000-2005.
Enfin, en raison de l'importance des cas pédiatriques,
les taux de mortalité infantile sont passés de 76 ‰ à
86 ‰ dans les pays les plus infectés. Une augmentation
massive du nombre de décès dans une population d'adultes
jeunes et économiquement actifs a inévitablement une incidence
sur l'ensemble de la sphère économique.
Sont généralement distingués les coûts directs des coûts
indirects [44]. Les coûts directs représentent l'ensemble
des ressources consommées pour la prise en charge médicale
et sociale, soit les coûts relatifs à l'information et
à la prévention, à la recherche, au dépistage, au traitement
et à la prise en charge des malades. Ces coûts ne sont
pas très faciles à appréhender à cause, d'une part, de
l'absence dans de nombreux pays de données fiables relatives
aux dépenses de santé et d'autre part, de la prise en
charge par des bailleurs de fonds étrangers d’une partie
de ces coûts. Quoiqu'il en soit, les programmes de santé
qui étaient déjà affectés par un manque de ressources
bien avant l'arrivée du virus n'ont pu voir leurs tâches
que se compliquer avec la gestion des programmes relatifs
au sida. L'ampleur de la maladie a eu également comme
conséquence la réallocation des ressources aux dépens
d'autres pathologies. Dans de nombreux hôpitaux comme
celui de Kigali où 70 % des lits sont occupés par des
malades du sida [45], les possibilités d'admission pour
d'autres affections sont considérablement limitées.
L'appréhension des coûts indirects est encore plus délicate
puisqu'il s'agit d'évaluer la perte de productivité ou
de temps de travail due à la maladie, touchant le malade
lui-même quand il ne peut plus exercer son activité professionnelle
ou domestique, mais aussi ses proches lorsqu'ils ont l'obligation
de le prendre en charge. Cette évaluation est d'autant
plus difficile dans le contexte africain où le marché
de l'emploi est marqué par un secteur informel important
et où une partie importante des tâches est assumée par
les femmes pourtant trop souvent considérées comme inactives
par les statistiques officielles.
Cependant, l'épidémie a d'ores et déjà des effets économiques
repérables tout à la fois au niveau des unités domestiques,
de production agricole et des entreprises. Au sein de
la famille, le sida peut amener tout un cortège de difficultés
économiques, mais il affecte aussi la morphologie du groupe,
les statuts et les rôles que chacun de ses membres y exerce
[46]. Dans les familles proches du modèle nucléaire, la
maladie de l'un des parents peut remettre en cause toute
la production économique du ménage, posant avec acuité
la question du devenir des enfants, les "orphelins du
sida". Les conséquences sont peut être moins brutales
pour les familles encore impliquées dans des réseaux de
parenté de type lignager. Le sida y affecte cependant
la distribution des rôles et des tâches : si un ou plusieurs
actifs sont touchés par la maladie les plus jeunes pourront
être mobilisés, engendrant ainsi un processus de déscolarisation
déjà amorcé sous l'effet de la crise économique. La mort
des adultes suite au sida plongent les ménages ruraux
dans un cercle vicieux de pauvreté.
Une étude menée en Ouganda a montré que la perte de la
force de travail et de la capacité de générer les revenus
nécessaires pour acheter les intrants agricoles suite
au décès des adultes sidéens conduit les ménages ruraux
à adopter une stratégie de réduction de la variété de
cultures pratiquées, au détriment des cultures de rente
[47]. Il en découle une réduction des recettes financières
qui aggrave davantage l'abandon des cultures de rente
et la non-utilisation des intrants. La pauvreté ainsi
amorcée s'accroît d'année en année. Dans les secteurs
agricole et industriel, la perte, par décès ou absentéisme,
de la main d'œuvre qualifiée fait baisser la productivité
de manière importante et pose le problème du coût de son
remplacement et de la désorganisation du travail. Au Kenya,
les directeurs d'une plantation agricole soulignaient
que la proportion de sucre transformé à partir de la canne
brute avait chuté de 50 % entre 1993 et 1997 [1]. Le même
constat a été fait dans une plantation de fleurs dans
une autre région du pays où les coûts de santé ont décuplé
entre 1985 et 1995 pour atteindre plus d'un million de
dollars pour une entreprise de 7 000 employés, entamant
ainsi largement les bénéfices effectués.
Même
si des employeurs ont cru, un temps, trouver la solution
en imposant un test de dépistage au moment de l'embauche
ou en licenciant de manière abusive les personnes infectées
[48], de plus en plus d'entreprises initient désormais
des programmes de prévention pour protéger leurs investissements
en capital humain. Enfin, le système éducatif n'est pas
en reste. Dans certains pays, le fonctionnement du système
lui-même, ainsi que sa qualité, sont compromis par la
maladie et le décès des professeurs, comme cela a pu déjà
être documenté en Ouganda et en Tanzanie [49, 50].
Un état
des lieux que l’on voudrait moins sombre….
À tous points
de vue, le contexte général du continent africain, la
faiblesse des États en matière de santé publique et tout
particulièrement de prise en charge du sida, et les possibles
conséquences de l'épidémie, le tableau de la situation
est plutôt dramatique et les perspectives pour les années
avenir encore davantage. Il n'est cependant pas nécessaire
d'abonder dans le sens du discours catastrophiste, trop
souvent véhiculé par les médias et dont on peut se demander
s'il ne produit pas lui-même des effets néfastes ou contre
productifs, notamment en matière de prévention.
Face au sida, l'Afrique reste plurielle, il subsiste des
zones du continent qui semblent toujours épargnées par
l'épidémie ; dans certaines zones parmi les plus touchées,
l'épidémie semble se stabiliser. Cette stabilisation,
si elle peut être le fruit de l'évolution naturelle de
l'épidémie, semble aussi être en partie attribuable à
la prévention. Même si le discours sur la maladie est
longtemps resté désincarné, les séropositifs, aujourd'hui,
s'organisent et parlent de leurs maladies, les films témoignages
et les séries TV se sont multipliés favorisant le recul
de la stigmatisation et une prise de conscience plus générale
des enjeux cruciaux que pose le sida en cette fin de millénaire.
Cependant, ces efforts ne pourront se poursuivre qu'avec
le renouvellement de l'engagement politique, à la fois
au niveau de chacun des États et de la communauté internationale,
en appui et complément au travail des associations et
des organisations communautaires. Cet engagement est indispensable
car, compte tenu du faible accès aux traitements et à
l'absence de vaccin, la prévention, encore plus qu’ailleurs,
va rester, pour les années qui viennent, l'axe majeur
de la politique de lutte contre l'infection VIH sur ce
continent.
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Le bacille
de Kock, cause de la tuberculose et maladie opportuniste
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